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Rated: 13+ · Short Story · Travel · #1336268
Absurd tale in french by now (for those who know this language). Irrationality itself.
Boum! Et le ballon explosa et boum! Et la Terre explosa et le ciel dans sa tête explosa et boum!
Il était une fois un lieu où les enfants avaient un ballon en baudruche vert noué à la main. Leurs parents habitaient aux arbres, et ils criaient comme des singes. L’enfance jouait. Les mamans s’appelaient Pénélope et les papas n’avaient pas de nom.
Un jour, un petit garçon alla avec son ballon aux rochers de la Grande Falaise. Voir la mer de là, cela lui plaisait à Joutou, mais il avait peur parce qu’on disait qu’y habitait un fou qui se nourrissait d’air et qu’il était chauve et qu’il ne clignotait pas et qu’il mesurait quatre mètres et qu’il…
Non! Soudain, le ballon de Joutou se piqua avec le doigt d’une roche. Le ballon se dégonfla, s’éteignit, mourut, et après toucher le ciel, il tomba. Maintenant il devrait partir aux arbres, maintenant il crierait, et il serait un singe précoce…
Joutou pleurait, toute la planète pleurait. Il s’imaginait  cela qu’on disait de monstres mange-singes qui guettaient avec mille yeux mille griffes mille cœurs dans la profondeur de la forêt. Il s’endormit, rêva, seul.
‘Hé, petiot, réveille-toi’.
Qui était là? Joutou ouvrit la bouche mut la langue ses lèvres grelottaient: il ne pouvait pas parler, il était muet.
‘Tiens, mon fils, ton nouveau ballon’.
La voix, la miel, fatiguait les tympans, elle sonnait étrange.
‘Quoi ?’
Joutou saisit fort le ballon. Il y avait quelque chose dedans. Il regarda de près : c’était le reflet de son visage, sale et fatigué. Il lui questionna s’il était le fou qui ne clignotait jamais, dont on parlait tant.
Pourquoi il ne criait pas comme un singe ?
‘Je ne cris pas comme un singe parce que je ne sais pas le faire’.
Joutou comprit. Il se sentait léger.
‘Joutou, c’est un ballon spécial, celui. Il a de l’hélium. Tu le sauras bientôt’.
‘Hélium ?’.
Le petiot le regarda : les yeux du vieux étaient en train de grossir : ils allaient sortir des orbites : alors ils sortirent, sautèrent et rebondirent. Le vieux mourut. Joutou avait très faim : il allait manger les yeux, mais il le mangea tout entier. Sinon, il mourrait aussi.
Son nouveau ballon lui plaisait, il était rouge sang. Il le noua au poignet. Il semblait qu’il pesait moins, qu’il était plus ami de l’air. Un ballon qui le montait vers le haut.
Lorsque le garçon arriva au trou des enfants, on dînait du pain noir. Tous s’en moquèrent. De son ballon rouge sang : ‘pourquoi il est rouge, hé ?’. C’était la lessive qui l’avait déteint.
Il le dénoua pour dîner, mais quand il allait le laisser sur le sol, le ballon commença à monter. Joutou  essaya de le prendre au vol. Mais le ballon d’hélium monta et monta vers l’espace, et Joutou coura et coura, et les autres lui dirent et dirent de ne pas s’en aller. Mais il s’en alla.
Joutou perdit de vue le ballon. Il faisait nuit, et il ne savait pas où il était. Il ne pouvait plus retourner, mais il ne devait pas non plus, sans son ballon. Il pleura : quelle chose avait ce ballon dedans?
Après avoir marché pendant toute la nuit, il continuait à faire nuit. Elle le pourchassait. Et la nuit resta jusqu’il arriva près d’une maison de chocolat, dans laquelle il n’entra pas parce qu’il savait qu’y habitait sa grande grand-maman.
Les grands-mamans, à ce lieu, étaient des sorcières, et les grands-papas, des géants.
Alors vint le jour, avec une orchestre de violons magiques et quarante gros ténors. Joutou frémit. Il devait suivre la direction prise par le ballon en fuite. Il le trouverait. Hou !
Il regrettait ses frères, le visage qui le poursuivait dans la nuit, en sautant sur la terre humide.
Il se masturbait avec le regard dans la mémoire, en pleurant.
Les jours passèrent. Joutou marcha et marcha. Il traversa des forêts, des marais mystérieuses, des déserts, toujours de jour. Jusqu’il arriva à une grande montagne enneigée, aiguisée et dorée. Il avait peur de cette montagne-là.
Au pied de la montagne il y avait un village appelé Dublin. Le nom lui plut. Les gens seraient là un peu absurdes, comme le nom du village. Il voulut y passer la nuit et il courut ses rues. Il n’y avait personne.
Soudain, quelqu’un le prit du bras et le rentra dans un bâtiment. Il n’y avait pas de traits au visage. Joutou cria qu’il cherchait son ballon rouge volant qui était perdu. Le jour suivant il se réveilla dans les bras d’une femme très grosse qui l’avait allaité. Elle avait la mamelle gauche dehors. Joutou était un fœtus nouveau-né. Après, un vieil if vénéneux, puis une hyène avec des canines de mammouth. La femme le berçait, lui chuchotait à l’oreille, la sirène.
‘Bonjour, mon enfant’.
Joutou se détacha du corps de la femme, agile. Il courut, il s’enfuit loin. À la place du village il y avait de la musique. Quelques femmes sortirent de la terre et lui demandèrent s’il voulait n’importe quoi.
‘Mon ballon’.
‘Quoi ?’.
Elles lui lancèrent des bécots, lui offrirent une trompette en argent en or en bronze en boue sèche. Il se souvint de la femme grosse qui lui avait offert de son lait de vache laitière. C’était bon. Il avait ri quand elle lui avait donné sa mamelle : il se souvenait bien.
Comme il s’ennuyait, il partit. Il suivit les chemins qui s’éloignaient de la montagne, mais il s’apercevit plutôt que tous la montaient. Alors, il la monta. Et lorsqu’il arriva au sommet, quelques jours plus tard, il vit ses doigts. Ils étaient violets du froid, puis ses lèvres aussi, et son ventre, puis ses jambes. Il était en train de marcher autour d’un rocher, quand il sentit quelque chose parmi ses pas. Il leva son pied.
Son ballon rouge était là, par terre, à l’abandon, mort. Il s’agenouilla sur le corps, et il pleura. Il pleura et s’étendit sur la terre gelée, il mangea de l’herbe, il avala des larmes. L’heure de mourir était arrivée.
Joutou, le petit enfant, avait grandi plus d’un milliard de kilomètres, et il mettrait du temps à creuser sa tombe. Il joua tragiquement sa trompette pour faire connaître sa mort. Le monde entier pleura la perte.
Le matin, il avait déjà creusé un demi mètre, quand il exhuma les os d’Ulysse. Parmi les restes il trouva des fleurs en bon état et une pomme de terre sèche, en plus des vêtements. Il eut de la pudeur de voir le héros de cette manière, nu.
Joutou fit un bûcher, il était très fatigué : creuser sa tombe était un travail ardu. Il regarda la pomme de terre sèche. Il la mit dans sa bouche.  Fossilisée. Il mâcha, de la poudre d’histoire. Alors, soudain il devint majeur, son cerveau saigna, ses muscles grossirent, quelques boutons sautèrent.
Des mois, des années, des siècles plus tard, des jours à la recherche d’un stupide ballon d’hélium, il vit enfin une échappatoire. Tout s’obscurcit, sauf lui, et du ciel intolérable tomba une échelle. Il crut à Dieu, il crut que s’il montait par l’échelle, il arriverait jusqu’à Lui. Et comme maintenant il était fort, Joutou pourrait la monter. Sûr.
Il monta et monta par l’échelle, il mit mille années, jusqu’il arriva. Il y avait une jeune nue en face d’un miroir. Elle était très belle. Elle était aveugle.
Joutou lui demanda si elle était Dieu.
‘Le cas échéant, je serais Déesse. Mais pas aujourd’hui. Et toi ?’.
Elle lui expliqua que celui était le pays des ballons d’hélium. Quand ceux y arrivaient, les citoyens, qui étaient nus, les capturaient.
Joutou regarda autour : il y avait tant de ballons, et tous rouges...
‘Ce sont les ballons qui s’élèvent, qui se perdent dans l’infinité ?’.
Ils firent l’amour, mais il ne l’aimait pas. Il pouvait prendre les ballons qu’il voulait, pour lui, quoique ne qu’elle pourrait fabriquer l’hélium. Seulement elle le savait sortir du poumon pour gonfler des ballons.
Mais Joutou voulait ce gaz, pour lui, pour ses amis. Alors il l’embrassa sur la bouche, puis elle souffla dans la sienne sans le vouloir et… Il parla, et une étrange voix très aigue sortit de sa gorge animale. Elle s’en alla. Il lui avait volé le secret.
Joutou partit avec trois cents ballons rouges, sur un dragon volant.
Quand il toucha la terre, il était de nouveau un petit enfant. Les parents habitaient aux arbres, et ils criaient comme des singes. L’enfance jouait. Les mamans s’appelaient Pénélope et les papas n’avaient pas de nom. Ses amis étaient tous autour d’un bûcher, ils l’avaient attendu dès qu’il s’en alla. Joutou leur raconta ses aventures, leur apprit à aspirer le gaz riant, et ils rirent.
Depuis lors, tous les enfants eurent un ballon rouge d’hélium, qui volait le vent. L’aigle volait aussi très haut. Ils firent des concombres géants d’hélium qui transportaient des gens aux pays éloignés.
Les grands-mamans, à ce lieu, étaient des sorcières, et les grands-papas, des géants. Les enfants avaient un ballon en baudruche rouge noué à la main, qui pesait moins, qui était plus ami de l’air, qui les montait vers le haut.
Qui les montait vers le haut, qui jamais ne finissait.
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